Module II : Etude d’une tragédie moderne; Antigone de Jean Anouilh.

Module III : Etude d’une tragédie moderne;  Antigone de Jean Anouilh.
                    Séquence III, axée sur l’argumentation.
   Niveau     : Première année du cycle secondaire qualifiant.
 Activité   : Etude de texte
 Objectifs: -     Relever les procédés de l’argumentation.
- Etudier l’aspect humain et inhumain chez Créon.
 Support : La grande tirade de Créon  « L’orgueil d’Œdipe…il n’y a pas si longtemps. » Antigone (P.68, 69)

I/ Identification du texte:
    1. Mise en situation : Cette scène se situe après la capture d’Antigone par les gardes. Elle est enfin devant Créon, son oncle.
Question: Quels sont les personnages mis en scène ?
Réponse : Seul Créon qui monopolise la parole en s’adressant à Antigone. Il est face à l’orgueil de la fille d’Œdipe.  
     2. Thème : La conviction         Créon essaie de convaincre Antigone pour renoncer à son idée.
Question: De combien de parties se compose le texte ?
Réponse : Le texte se divise en deux parties: La première partie: « L’orgueil d’Œdipe … Alors, écoute-moi bien ». Dans cette partie, Créon, face à l’orgueil d’Antigone, joue sur le côté inhumain en se moquant d’elle. Or, dans la deuxième partie « Tu es Antigone, tu es la fille d’Œdipe…il n’y a si longtemps.», il y a un recours aux sentiments d’Antigone pour gagner sa confiance et la protéger, voire la sauver contre son destin.
     3. Type de texte: Il s’agit d’une tirade où Créon parle avec emphase à Antigone en mettant en exergue les méfaits de son père (incestueux).
II/ Axes de lecture:
Axe I : Créon, le roi, face à l’orgueil d’Antigone.
- Dès le prologue, on sait bien qu’Antigone va mourir  « se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon »; « Elle pense qu’elle va mourir » et va se révolter contre tout le monde.
- Créon se trouve, enfin,  face au destin d’Antigone.
- Il reprend les éléments du mythe « Et tuer votre père et coucher avec votre mère », comme si Créon trouve du plaisir en se moquant d’Antigone.
- Le mythe est représenté avec un côté malsain « Quel breuvage »; « on les boit goulument », comme s’il trouve du plaisir lors de sa dégustation, ce qui est paradoxal: on ne trouve pas le plaisir dans ce qui va faire le malheur.
- Le mot « hein » (interjection) appartient  au registre familier, ce qui désacralise le mythe. (c’est une forme interrogative incitant l’interlocuteur à répéter)
- L’orgueil se nourrit du plaisir, quand il au-dessus des autres: « quand on s’appelle Œdipe ou Antigone ».
- Créon fouille dans le passé et met le couteau sur la plaie pour provoquer Antigone  « L’humain vous gêne aux entournures dans la famille » cela montre que le côté humain est presque inexistant.
- Le fait d’évoquer ce mythe, Créon déclenche l’ironie            L’antiphrase au service de l’ironie: «Et le plus simple après, c’est encore de se crever les yeux et d’aller mendier avec ses enfants sur les routes… »              
                 Explication: Créon se moque d’Antigone quand il lui dit que c’est simple de se crever les yeux, mais au contraire, ce n’est pas simple.
- Il y a aussi le raisonnement par opposition: « j’ai résolu, avec moins d’ambition que ton père, de m’employer tout simplement à rendre l’ordre de ce monde un peu moins absurde ».
- Et pour argumenter ses idées, Créon utilise le raisonnement concessif, quand il dit à Antigone: « Tu es Antigone, tu es la fille d’Œdipe, soit, mais tu as vingt ans.. », et là, il passe au côté humain, en touchant les sentiments d’Antigone, pour la convaincre.
- Mais l’ironie affaiblit l’opinion de Créon en la présentant comme dérisoire et en même temps touchant la dignité d’Antigone, c’est pour cela qu’il recourt aux sentiments de la fille: « je t’aime bien tout de même avec ton sale caractère »; ensuite, il essaie de s’approcher à son cœur « N’oublie pas que c’est moi qui t’ai fait cadeau de ta première poupée »
In fine, Créon se montre, dans cette tirade, en deux facettes: Dans la première partie, il a humilié la dignité d’Antigone pour mettre fin à une chose qui le dérange: « L’orgueil ».  Cependant, dans la seconde partie, il recourt au côté sentimental afin de toucher la matière humaine. Et à partir de ces deux rôle que joue Créon, on peut déduire le pouvoir qu’il veut instaurer.

Axe II :  Le pouvoir de Créon.
- Pour montrer son pouvoir, Créon impose son point de vue « Eh bien! Non.» d’où la conception du pouvoir ( c’est lui qui décide de dire ‘oui’ ou ‘non’ ), surtout quand il parle du rôle des rois: « les rois ont autre chose à faire que du pathétique personnel » pour montrer que le pathétique éveille la pitié chez les faibles.
- C’est pour cela que Créon, au contraire d’Antigone, dévalorise le tragique: « Thèbes en a besoin plus de ta mort »
- Créon cherche à justifier à Antigone qu’il est en train d’instaurer un nouvel Etat sans problème, c’est une sorte de purification « Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire », c’est-à-dire que Créon cherche à rendre à Thèbes sa dignité et sa position politique entre les Etats.
- Le « Moi» montre aussi le pouvoir absolu du roi, qui peut faire tout par un simple mot « Moi, je m’appelle»; « mes deux pieds »; « mes deux mains », il se considère comme une divinité qui s’est atterrée pour résoudre le problème de Thèbes, comme un don de Dieu « Dieu merci».
- Mais, il aussi réaliste « J’ai mes deux pieds par terre». Néanmoins, il ne peut s’échapper des actes des rois: « Je me charge du silence des autres », qu’il est nécessaire parfois de nettoyer le champ politique pour garder la paix.
Synthèse de la scène :
Dans cette tirade, Créon, le roi, se vante devant Antigone en tant que sauveur de Thèbes. Il a essayé de convaincre Antigone pour garder l’union de la famille et établir l’ordre.
L’auteur cherche, à travers ce texte, à montrer l’importance de l’ordre social qui se place avant les intérêts personnels. Il montre aussi que la vie politique ne s’échappe pas du sang.
Le changement du comportement de Créon est comme un fruit: il est dur de l’extérieur, mais, à l’intérieur, il est frais.